S nicodeme francois signLes archives familiales de l'autre arbre de R. sont relativement riches en photographies (un gros travail à faire). Mais au fur et à mesure qu'on grimpe dans les branches (et dans le temps), ces visages capturés par l'objectif se raréfient, par la force des choses... Il est alors coutume en généalogie d'illustrer les notices individuelles des individus avec leurs éventuelles signatures. Habitude que je n'ai pas manqué de faire pour ce nouvel arbre.
 
 
K 1799 beaufort jean signJ'avoue un petit faible pour les signature de Jean Mollard dit Beaufort (qui signe Baufort, mais parfois ne signe pas) et François Nicodème (mais sans doute surtout pour le nom de famille).
 
 
L'ascendance de R. est divisée entre le nord et le sud de la ligne Maginot imaginaire de l'alphabétisation telle qu'elle émerge dans les travaux, entre autres, de L. Maggiolo. À savoir une ligne charnière allant de Saint-Malo / Mont-Saint-Michel (breton ou normand, la question fera-t-elle polémique sur ce sujet-là ?) à Genève, avec au nord des départements plutôt alphabétisés plus tôt et de manière plus importantes qu'au sud.
 
Cette ligne "lieu de mémoire", quoique remise en cause, est l'un des trucs qui reste ancré en mémoire de mes années de fac' d'histoire, pourtant 20 ans après les années d'étudiant d'Antoine de Baecque qui évoque "le crépuscule du règne de la "saintmalogenève" à la Sorbonne dans les années 80 (voir ci-dessous la référence de l'article). Alors, par jeu, j'ai visualisé les données relativement complètes jusqu'à la 8e génération à partir de R. (avant de remettre d'équerre l'attribut "Signature" dans l'arbre de mon côté).
 
Grâce au formidable outil développé par Florian Cassayre, on visualise (quoi que mon échantillon de personnes soit réduit) des variations assez marquées entre ceux qui signent (en violet) et ceux "ne sachant de ce enquis" (du moins ceux n'ayant jamais signé jusqu'à présent sur les actes trouvés) :
  • la moitié ouest est l'ascendance nordiste qui déborde sur la Belgique: ça signe relativement pas mal, bien qu'au début XIXe on soit sur du petit paysan ;
  • le quart breton-mayennais (quart de cercle nord-est) : c'est le maillon côté signature, ça chute assez vite (mais plus vite chez les mayennais) ;
  • enfin le quart sud-est auvergno-foréziano-jarézien : c'est mitigé ; aux deux extrêmes, les Giraud (Rhône) et les Giry (Haute-Loire) résistent...

 

 
Visualisation de ceux qui signent (violet) et ceux qui ne signent pas
Sans compter que les femmes signent moins que les hommes, et très vite ne signent plus. Tout ceci reste à affiner en remontant plus exhaustivement le XVIIIe siècle, et en espérant que toutes les cases blanches (non renseignées) ne se griseront pas trop vite !
 

Pour aller plus loin...

  • Florian Cassayre, Arbre-o-matic, ou le super visualiseur de fichier Gedcom

Les classiques...

  • Michel Fleury, Pierre Valmary, "Les progrès de l'instruction élémentaire de Louis XIV à Napoléon III, d'après l'enquête de Louis Maggiolo (1877-1879)", Population, 1957, n°12-1, consultable sur Persée.
  • François Furet, Jacques Ozouf, "Trois siècles de métissage culturel", Les Annales1977, n°32-3, consultable sur Persée.
  • François Furet, Wladimir Sachs, "La croissance de l'alphabétisation en France (XVIIIe-XIXe siècle)", Les Annales, 1974, n°29-3, consultable sur Persée.

Et les plus récents :

  • Guy Astoul, Note critique de l'ouvrage de Marc Loison, École, alphabétisation et société rurale dans la France du Nord au XIXe siècle, dans Histoire de l'éducation, 2005, n°105, consultable sur Openedition.org.
  • Jean-Pierre Pélissier et Danièle Rébaudo, Une approche de l'illetrisme en France : la signature des actes de mariage au XIXe siècle dans "l'enquête 3000 familles", Histoire de la mesure, 2004, n°XIX 1-2, consultable sur Openedition.org.
  • Antoine de Baecque, "Nord premier, Sud primaire", LIbération, 22 août 2006, consultable sur Libération.

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