Les recensements des XIX et XXème siècles fourmillent d'informations forcément sur le domicile et la composition des foyers (lire à ce sujet Composition familiale), mais pas seulement. C'est également une mine concernant les métiers à intervalles réguliers dans la vie d'une personne. Et quoi de plus intéressant pour les femmes, pour lesquelles on a en général peu de sources sur leur activité, si ce n'est au mariage. En dehors de cela, point de renseignements lors d'un recrutement militaire, et rarement lors d'une déclaration de naissance ou de décès puisque dans la majeure partie des cas, le déclarant est un homme (éventuellement on voit apparaître les sages-femmes). Idem lors des mariages où elles ne purent être témoins qu'à partir de la loi du 7 décembre 1897. Alors plongeons, une fois de plus, dans les recensements. D'aucuns penseront que je fais presque de cette source une obsession mais Olive RICHARD (1817-1904) m'a gâté, même si les recensements en ligne des Archives départementales des Côtes-d'Armor ne couvrent que la période de 1872 à 1906.

 

Pontrieux, Côtes-du-Nord, 12 591 habitants.

"Jolie petite ville sise sur le Trieux à 18 kilomètres (train) de Guingamp ; port de mer, l'un des plus importants du littoral pour l'exportation de grains" (Bottin de 1894, arrondissement de Guingamp).

Olive voit le jour à Pontrieux le 8 septembre 1817 dans une famille d'artisans : des cordonniers de père en fils du côté de son père Julien Fortuné RICHARD (sic) (1784-1844), un couple de tailleur et filandière du côté de sa mère Marie Françoise DENES (1786-1831), lingère-repasseuse. Sa mère meurt alors qu'elle n'a que 13 ans.

Le 5 octobre 1843, elle épouse Joseph LE FLEM (1818-1866), un cultivateur domicilié à La Roche-Derrien (10 km de Pontrieux). L'acte de mariage qui la dit "blanchisseuse" ne porte pas sa signature. Néanmoins vu les métiers qu'elle exercera par la suite, il est possible de trouver un acte notarié portant un autographe... La signature de son mari Joseph LE FLEM apparaît elle timidement à partir de 1852.

Signature de Joseph LE FLEM

Fortuné RICHARD le cordonnier meurt peu de temps après le mariage de sa fille (10 mars 1844). Peut-être faut-il voir là l'origine du changement de métier du jeune couple (à confirmer par des actes notariés) : en juillet 1844, ils sont cités comme commerçant. Ils tiennent en fait l'auberge et relais de poste de Pontrieux. Joseph est tour à tour dit voiturier, cafetier et aubergiste, tandis qu'Olive mentionnée comme cafetière, commerçante ou aubergiste sur les actes de naissance.

Les clients de l'auberge devaient régulièrement avoir affaire à une aubergiste au ventre arrondi, et les enfants devaient balbutier les premiers pas et leurs premiers mots entre les tables. Voire les premiers bobos et accidents... Les décès se succèdent malheureusement presque au même rythme que les naissances.

  • Anne Marie (1844-1868) - jeune fille, elle secondera sa mère pour tenir l'auberge
  • Marie (1845-1851)
  • Charles Joseph Marie (né en 1847)
  • Marguerite (1848-1852)
  • Joseph Marie (1850-1851)
  • Joseph (1852-1857)
  • Benjamin (1854-1856)
  • Yves Marie (né en 1856)
  • Pierre François Marie (1857-1909), qui sera horloger

Epidémies ? Maladies ? Accidents ? Sur les 9 enfants, seuls quatre atteignent l'âge adulte - mais Anne Marie mourra à 24 ans.

Joseph LE FLEM meurt à son tour le 28 octobre 1866 à l'âge de 48 ans, laissant la commerçante veuve avec 4 enfants.

Les différents recensements de la fin du siècle donnent de nombreuses indications sur l'auberge - hôtel :

 
  • 1872 : elle habite au 9 place de la Mairie, avec ses enfants Yves et ainsi que sa nièce Marie Le GARRERES lingère de 20 ans. Elle est mentionnée comme "regrattière", soit "épicière, détaillant de pain, de sel, de poissons de mer, de fruits et toute denrée alimentaire de seconde main" (Vieuxmétiers.org) mais fait tout de même pension dans son établissement puisque y sont domiciliés deux pensionnaires : Jacques DANIEL, commis, 40 ans, et Charles Hélent, visiteur des douanes, 32 ans.
  • 1876 : Olive RICHARD, "maîtresse d'hôtel", demeure avec son fils Yves, 20 ans, marin. Le personnel de l'hôtel est cité : 1 cuisinière, Catherine LAURENT (18 ans, originaire de Minihy), Jean LE GUEN, palefrenier (24 ans, originaire de Paimpol), Françoise CATHOU, domestique (16 ans, de Ploëzal) et un pensionnaire, Jean Marie AUTREL (58 ans, de Landerneau).
  • 1881 : seule elle est citée au 10 place de la Mairie, comme propriétaire.
  • 1886 : elle est recensée comme commerçante rue des Galeries (sur l'autre rive du Trieux) avec Marie Perrine CALVEZ, servante, 35 ans.
  • 1891 : toujours rue des Galeries, elle figure comme charcutière demeurant avec sa petite fille Louise, 5 ans.
  • 1896 : idem, toujours avec sa petite fille, et la domestique Marie Perrine CALVEZ qui est de nouveau mentionnée.

 

Elle s'éteint à Pontrieux à l'âge de 87 ans, le 5 décembre 1904.

 

Source

 

http://maps.google.fr/maps?f=q&source=s_q&hl=fr&geocode=&q=la+roche+derrien&sll=46.75984,1.738281&sspn=5.97592,6.218262&ie=UTF8&hq=&hnear=La+Roche-Derrien,+C%C3%B4tes-d%27Armor,+Bretagne&ll=48.754604,-3.228436&spn=0.04493,0.113983&z=13

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