entete 2I4 ambbAh les archives comptables... Volumineuses, sérielles, pleines de chiffres.

J'ai rencontré peu d'archivistes qui aimaient ça... Je veux dire vraiment, pas juste pour le malin et parfois un peu sadique plaisir d'éliminer une masse énorme, le tout en étant parfaitement en règle. Il faut dire que les bordereaux de liquidation des dépenses et autres pièces justificatives sont rarement sexy. Alors une fois les 10 ans réglementaires écoulés, on disperse, on ventile... (en tout cas pour les documents des dernières décennies).

Parmi ces multiples pièces comptables, il en est cependant qui survivent à cette éradication, pour des raisons d'intérêt historique et patrimonial. C'est ainsi qu'on trouve parfois des collections (souvent totalement artificielles), de factures. En faisant les yeux doux à l'archiviste, avec leur papier à en-tête, leurs typographies alambiquées et leurs quelques illustrations, elles ont sauvé leur papier. Quitte à être extraites pièce à pièce avant la flambée finale, en particulier si elles dataient de l'ère précédant le grand tsunami de papier, aka les années 1950-1960s. Ajourd'hui elles sont dématérialisées. Le plus souvent...

Des vestiges de milliers de factures donc, mais des sources très intéressantes pour l'histoire économique, l'histoire de la publicité et de l'image, et bien sûr pour les recherches familiales et généalogiques - surtout quand on en a très peu (voire pas) dans ses propres archives familiales.

Les factures à en-têtes apparaissent progressivement au XIXe siècle, alors que la fabrication du papier s'industrialise et que la pratique de l'écrit continue elle à se diffuser largement. Question de coût (et d'image), ce sont d'abord les grosses entreprises (et les imprimeurs, forcément) qui investissent les en-têtes à coup de typographies, motifs et entrelacs. Avec la multiplication des concours industriels et agricoles, prix et médailles fleurissent sur les papiers d'entreprises. A partir de la moitié du XIXe siècle, les petites entreprises et artisans commencent à s'y mettre.

Je ne vous parle pas de tout ça pour cause de notaphilie personnelle, ou parce que je suis tombée dans le grenier sur un trésor. En fait, toujours en train de faire mon travail de fond(s) sur les cathédrales (voir aussi Il est venu le temps des cathédrales), je tombe régulièrement sur plein de jolis papiers (patience, patience, inventaire à venir... avec les nom, spécialités et adresses des entrepises).

AN F 19 7714

Les "collections" de factures, lorsqu'elles existent, sont généralement conservées dans les services d'archives publics :

  • dans les séries qui concernent les comptes et budgets : en série L en archives municipales, en série N en archives départementales ;
  • dans les séries relatives aux bâtiments (et donc aux travaux) : en série M en archives municipales, en série N toujours en archives départementales ;
  • dans les séries qui ont trait à l'économie : en série F en archives municipales, en série M en archives départementales ;
  • dans les fonds privés, qu'il s'agisse de fonds d'entreprises (qui ont elles-mêmes des relations commerciales avec d'autres sociétés), ou des fameuses collections de factures, constituées en interne voire achetées.

Elles sont parfois classées par thème. N'hésitez pas à jeter un oeil sur les sites internet des Archives municipales d'Orléans et des Archives municipales de Rennes, pour voir un florilège de documents en ligne.

Personnellement, j'en ai très peu dans les archives familiales. Une carte de visite par-ci, une en-tête assez sobre par-là, un poil plus de documents sur l'hôtel restaurant familial (qui feront un jour l'objet d'un billet). Mais c'est toujours ça de pris.

entete mariton maxime

entete mariton maxime 1942

entete proux louis

entete normand robert

Ces documents que sont les factures et autres papiers à en-tête sont évidemment à compléter par des recherches plus classiques sur l'histoire d'un commerce ou d'une entreprise : registres du commerce, tribunaux commerciaux, actes notariés, annuaires et bottins avec leurs publicités, etc.

Enfin, qui dit factures dit "vieux papiers" considérés comme "bôôô" surtout dès qu'il y a une entête, donc monnayable. De ces vieux papiers qu'on trouve à foison dans les vides-greniers, sur Ebay ou Delcampe. Jetez-y un oeil de temps en temps, d'autant que c'est souvent décrit (on peut donc faire une recherche par lieu ou nom) et numérisé !

 

entete delcampe

 

Sources et liens

  • Archives familiales.
  • Archives municipales de Rennes, Guide de recherche Sur les traces des commerces, consultable en ligne.
  • d'Archives et d'Ailleurs, tag Publicité.
  • BERTHO-LAVENIR (Catherine), "Du papier et des lettres", Les Cahiers de médiologie, 1997, consultable en ligne.
  • GARCIA PERADA (Igniacio), "Une histoire des liégeurs à travers les papiers à en-tête", Forêt méditerranéenne, 2014, consultable en ligne.
  • L'Est-Éclair, "L'Histoire de France à travers les vieilles factures", 2013, consultable en ligne.

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