Brusquement, au détour de l’église, parurent les premiers charbonniers qui revenaient de la fosse, le visage noir, les vêtements trempés, croisant les bras et gonflant le dos.
Emile Zola, Germinal, p. 121, en ligne sur Wikisource.
Des gueules noires, du Nord aux filons du Rhône, dans tous les branchages. Les mineurs sont un peu à cet arbre ce que les paludiers sont au mien. Outre les lieux (Rive-de-Gier, Saint-Etienne, Fresnes-sur-Escaut, Anzin, etc.), la mine affleure dans la floppée de métiers qu'on rencontre dans les actes :
- mineur, bien sûr, tel Georges Delfosse (1777-1830), à Fresnes-sur-Escaut (Nord), qui porte si bien son nom, ou Joseph Devalet (1816-1876), mineur au moins entre 1840 et 1870, toujours à Fresnes-sur-Escaut
- charbonnier, comme Toussaint Coupin (1817-1879...), au Soleil (lieu-dit d'Outre-Furens, aujourd'hui Saint-Etienne, dans la Loire), ancêtre à la 7e génération ;
- ouvrier aux cokes, comme Etienne Chomienne (1801-1854), à Rive-de-Gier (Loire) , à sa mort en 1854 - celui-ci est aussi mentionné comme exerçant les métiers de grelleur (1831) ou encore crocheteur (1848) ;
- wagonnier, comme Etienne Coste, gendre du précédent, toujours à RIve-de-Gier (Loire), en 1854 ;
- sans compter les vagues ouvrier, journalier, derrière lesquels se cachent sans doute aussi quelques travailleurs des mines.
Derrière le charbon, l’ombre des hauts fourneaux de la révolution industrielle, d'autres métiers qui transpirent le métal et la fumée, et des pistes à creuser du côté des employeurs, de l'histoire industrielle et sociale, à commencer par la grève de 1846 d'Outre-Furan...
Au milieu du siècle, les enfants ne sont pas allés à la mine, mais à l'école. Les derniers mineurs de l'arbre n'ont pas fait de vieux os et s'éteignent dans les années 1870. La mémoire familiale du charbon s'est échappée bien avant que les puits ne ferment...
Comments est propulsé par CComment