1879 petit parisienQui dit Amour dit les gosses

Dit toujours et dit divorce*

Après avoir dansé, les mariés parfois... divorcent. Enfin ça dépend un peu de l'époque : les uns auraient bien voulu mais c'était pas possible, les autres auraient bien sauté le pas, mais ça n'se faisait pas. Je me mords toujours les doigts de ne pas avoir noté le nom d'une petite commune auvergnate où les jeunes mariés ont divorcés en masse dans l'euphorie révolutionnaire, ça aurait fait un merveilleux article...

Petit rappel historique : le divorce est autorisé en France entre 1792 et 1816 (avec de fortes restrictions lorsque le Code civil est mis en place, jusqu'à la suppression sous la Restauration) ; il faut attendre 1884 et Alfred Naquet pour qu'il soit ré-autorisé, avec là encore de fortes limitations. Le divorce par consentement mutuel, c'est quand même 1975... Pour plus de détails, quelques liens en fin d'article.

 

 

En commençant la généalogie, j'ai vite compris qu'il y avait eu de l'eau dans le gaz à plusieurs étages. Il n'a pas été question de verbaliser, mais de récits rapides, à coup de "femme de mauvaise vie", du côté de la branche paternelle de ma mère. 

Anaïs Meneau et Epaminondas Proux divorcent à Paris en 1911. Cela fait des années qu'ils sont séparés. Le mariage a tenu à peine 10 ans, et un petit René. Le jugement de divorce précise :

il résulte des renseignements fournis au tribunal et même de la déclaration de la dame Proust qu'elle a abandonné son mari depuis plus de 7 ans et qu'actuellement elle vit maritalement avec un sieur Diot

L'Octave Diot en question l'épouse le 29 septembre 1914.

 

Bon euh... le petit René, fils de la précédente divorcée, a fait pareil sur le tard : en 1948, lui et Laure Portail se séparent au bout de 29 ans de mariage. Ils ont respectivement 51 et 46 ans. Divorcer à cet âge-là dans l'immédiat après-guerre, respect...

Rétrospectivement, le divorce chez les Proux-Portail, c'est quasi une "tradition". Léonie Meunier, mère de Laure Portail, divorce 3 jours avant l'anniversaire de ses noces de froment... 3 ans donc. Mariée en 1900, mère en 1902, divorcée en 1903. Express. Elle se remarie sur le tard, à 45 ans, puis de nouveau après son veuvage à 49 ans.

Et qui a commencé ? Grand-grand-papa... Meunier ! Divorcé en 1806 tout de même (voir l'article), à la demande de l'épouse, pour cause d'incompatibilité d'humeur (sic).

Quatre divorces (1806, 1903, 1911 et 1948) concentrés sur la seule branche paternelle de ma mère, en Sologne.

Et côté des ancêtres paternels ? rien. Le seul qui aurait pu, mais même coco, anti-clérical et pas du genre à se ranger, il faut croire que "quand même, ça ne se fait pas" (surtout quand on a une mère très pieuse ?), c'est Onésime, toujours lui. Non, Onésime, marié, 3 filles, qui se barre et refait sa vie avec quelqu'un d'autre, 4 enfants, qui se rebarre et refait encore sa vie ailleurs et un enfant, Onésime n'a pas divorcé... il a attendu que sa seule et unique épouse meure pour se remarier avec sa compagne.

 

Et les divorces, comment les trouve-t-on ?

  • pour la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, on les trouve dans les registres de mariages (et de divorces, donc) ;
  • à partir de 1886, la mention du divorce doit figurer en mention marginale de l'acte de mariage dissous, avec mention du tribunal concerné. Le jugement de divorce peut être retrouvé en série 3 U aux archives départementales (archives des tribunaux d'instance) ;
  • après 1884, le divorce d'un des contractants est mentionné dans l'acte de mariage suivant ;
  • à partir de 1932, la mention d'un divorce doit être portée en marge de l'acte de naissance de l'individu.

 

En 1879 (soit 5 ans avant la loi ré-autorisant le divorce), Le Petit Parisien fait un supplément étonnant sur la question.

 

 

 

Sources et liens

 
Et après avoir commencé avec Stromae (Alors on danse), finissons avec Brassens
 


 

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