Rarement un événement aura marqué à ce point des familles, des générations, des territoires entiers, jusqu’au plus profond. La mienne, de famille, n’y a pas échappé. Trois arrières-grands-pères sur quatre ont combattu – tous sont revenus entiers, sinon je ne serai tout simplement point là ; le quatrième était, né en 1901, était trop jeune, mais son père, ancien marin, a été mobilisé. Une famille a été évacuée de l’Artois, début de la fin des racines dans le Nord.

On compte les morts. Des frères, des cousins, des copains.

    • Charles BOURDIC (1895-1916), frère aîné de mon arrière-grand-père, mort à bord du Renaudin, torpillé au large de l’Albanie. Deux semaines à peine après que son petit frère se soit engagé volontaire.
    • Corentin BIGUAIS (1887-1914), matelot fusilier auxiliaire, tué lors des combats de Nieuwpoort fin décembre 1914.
    • Marcel FOURET (1885-1918), mort à l’hôpital temporaire n°50 de Calais la veille de Noël 1918, des suites d’une congestion pulmonaire. A-t-il eu le temps de voir en permission son second fils, Moïse, né en juillet ?
    • Louis CAUSER (1875-1918), maître timonnier sur le Vergniaud, mort à l’hôpital de Messine le jour de Noël 1918, de la grippe espagnole.
    • Arthème Léopold PROUX (1893-1914), décédé dès les premiers combats dans les Ardennes, le 30 août 1914. Cousin germain de René Proux (voir ci-après).
    • Si on remonte et redescend l’arbre, des cousins lointains : Alcide, Joseph et Pierre Bourdic, et sans doute une très grosse partie des Lecallo, des Monfort, des Lehuédé et des Pichon qui figurent sur le monument aux morts de Batz (Loire-Atlantique)

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D’autres – les aïeux directs notamment – s’en sortent, entiers, pas trop esquintés physiquement. Pour le mental, c’est autre chose…

    • François BIGUAIS (1876-1947), après avoir été dans la Marine pendant 9 ans, il est remobilisé le 13 février 1915 dans l’artillerie, dans l’escadron du train (1916-1917) puis dans les groupes d’aviation (1917-1918). Le seul dont j’ai une photo en uniforme.

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    • Jean BOURDIC (1898-1963), engagé volontaire le 6 mars 1916 dans l’infanterie coloniale (2e RIC, 42e, puis 21e)… a priori pressé de quitter sa marâtre. Son frère aîné Charles meurt deux semaines plus tard sur le Renaudin. Leur père meurt en octobre 1916
    • René PROUX (1897-1974), incorporé le 11 janvier 1916 dans le Génie ; démobilisé le 27 septembre 1919.
    • Maxime MARITON (1896-1948), incorporé le 12 avril 1915 dans le 32e RAC, réformé provisoirement pour faiblesse générale et amaigrissement en septembre 1915. Bon pour le service armé le 18 décembre 1915, avant d’être mis en service auxiliaire le 17 mai 1916.
    • Onésime LE LIVEC (1880-1969), très brièvement : il est mobilisé le 12 août 1914 et évacué malade le jour de Noël 1914 ; réformé le 2 mars 1915. Etant donné ses affinités avec l’autorité, il n’a pas dû chercher à être apte de nouveau…

Enfin, les déplacés :

    • Parmi les évacués des zones de combat : la famille Flament-Covez, qui a fait l’objet de l’article R… comme réfugiés. Si les parents, Camille et Elie Flament, retourneront finir leurs jours à Souchez, leurs trois enfants Augustin, Augustine et Apolline s’éparpilleront (Loir-et-Cher et Paris). Par contre, les enfants issus de leurs premiers mariages y sont restés. Et parmi eux : Amélie Larivière, plus connue comme Amélie Landru (1876-1952), la tenancière de l’hôtel du Diorama jusque à côté de la nécropole militaire de Notre-Dame-de-Lorette. J’ai découvert il y a quelques semaines une carte postale déposée sur Geneanet du Diorama.

Il n’est pas une famille de ces “morts”, pas une Association d’anciens combattants de n’importe quelle région, qui ne connût Mme Landru ! Elle correspondait avec une quantité considérable de parents, de veuves ou d’orphelins de la grande guerre et les recevait tous lors de leurs visites avec la même cordialité et la même amabilité. (Presse à sa mort en 1952, merci à E. Varoqui pour les documents).

Côté liens (en vrac et non exhaustif) :

 

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