La gestion d'une photothèque est un savant exercice d'équilibriste entre les besoins en terme de description (fine), de classement, de nommage, de fonctionnalités de recherche, d'ergonomie bien sûr, et les contraintes techniques, de normalisation et d'interopérabilité (quand on est archiviste à la ville et qu'on traite régulièrement des fonds iconographiques, on est très à cheval sur la norme et l'interopérabilité, croyez-moi). Quête de l'outil idéal qui se solde souvent par une série de renoncements, de frustrations et de procrastination.

Dès mes débuts sur la planète généalogie, j'ai récupéré des dizaines et dizaines de photos dans des boîtes à chaussures, en partie bien identifiées par mes grands-parents paternels, savamment photographiées par moi avec un certain nombre de flous artistiques et d'images plus ou moins déformées. Numérisation "sauvage" à l'appareil photo que je pratique encore parfois, car c'est souvent la seule possible.
 
J'ai utilisé assez tôt Picasa pour gérer ces documents : on pouvait y géolocaliser les photos, mettre des tags thématiques, et surtout la reconnaissance faciale permettait de tagger les gens !
 
Photothèque Picasa

 

Toutes les photos de mes premières années de recherche sont ainsi décrites dans cet outil. En vain j'ai cherché un moyen d'intégrer ça à mon site Internet. Les tags n'étaient pas pris en compte dans les extensions, et je ne voulais pas doubler ma gestion Ordinateur d'une gestion Site internet. De guerre lasse, et après plusieurs flood de mon annuaire de contacts Google avec des morts-vivants (si les paramètres de synchronisation des répertoires des différentes applications Google ne sont pas correctement réglées, on se retrouve avec son arrière-arrière-grand-père, taggé dans Picasa et... intégré à son répertoire de contacts, avec possibilité de lui envoyer un mail et tout...), j'ai abandonné Picasa. D'ailleurs à l'écriture de ce billet, j'ai rouvert la bête... qui n'a manifestement pas aimé que je réorganise mes répertoires suite à l'article de Chroniques d'antan sur une organisation pérenne de ses données. Bref les images sont bien identifiées, en partie décrites, mais les informations ne sont pas vraiment exportables hors de Picasa.

Côté stockage, mes photos sont actuellement dans l'ensemble relativement bien classées et nommées de manière homogène mais totalement insuffisante, elles sont loin d'être entièrement intégrées à mon logiciel de généalogie. Ce dernier permet bien de tagger les personnes, mais il ne s'agit pas d'une réelle gestion de photos.

Exigeante, je veux pouvoir gérer mes centaines de photos (oui il y a de quoi être jaloux), publier en ligne sur mon site pour les diffuser, et surtout pouvoir faire toutes les recherches qui me passent par la tête, comme trouver les vélos en arrière plan, les jouets(voir l'article Jouets d'hier) ou encore tous les chiens ! J'adore les détails. Et je suis un peu accro à l'indexation (oui, il n'y pas que les frises chronologiques dans la vie).

 

phototheque explorateur fichiers 
 

Fréquemment depuis 5 ans, je cherche régulièrement si un logiciel de gestion de photo gratuit ne serait pas apparu... L'été dernier, j'ai entrepris de renumériser correctement, sur un bon scanner, en bonne définition et recto verso, toutes les photos en ma possession. Elles sont en cours de recadrage, mais je n'avais jusqu'à présent toujours pas résolu mon problème de gestion de photothèque. Il y a quelques semaines, j'ai découvert l'extension Fabrik sur Twitter (grâce au travail de Constance Le Roux sur les Morts pour la France polytechniciens) ; je me suis dit qu'il faudrait creuser..

Et voilà que ces dernières semaines surgissent des tiroirs des centaines de photos sur lesquelles je ne comptais absolument pas, ou plus, même si je me doutais bien de leur existence. Je tâche de passer outre la tristesse de voir apparaître ce trésor inattendu à l'occasion d'un décès. Trésor, dont ils m'avaient dit, il y a 10 ans, quand je commençais mes recherches, qu'il n'existait pas. Aujourd'hui qu'ils ne sont malheureusement plus là pour faire parler souvenirs et photos, le défi est d'autant plus important de sauvegarder et gérer précieusement ce qu'il reste.

J'ai pris en main Fabrik, et décidé, à défaut de trouver l'application idéale, de me tailler du sur-mesure. Rien de mieux que la découverte de ces nouvelles photos pour expérimenter et avoir un regard neuf sur la gestion de cette sacrée photothèque dont je rêve depuis si longtemps. Quitte à franchir le pas, autant prendre des mesures radicales :

  • exit la questions des tags des personnes : il suffira de faire des doublons des photos avec du texte par dessus. Ça sera toujours plus pérenne qu'un fichier de métadonnées propriétaire qui sera obsolète en un rien de temps ;
  • exit également la torture intellectuelle pour trouver une règle de nommage des fichiers : en bonne archiviste, je décide de donner une cote en guise de nommage, qui renvoie à un fichier contenant toutes les (méta) données, plutôt que m'arracher les cheveux avec des noms de fichiers contenant des noms, des lieux, des dates, le tout mélangé et sans que ce soit jamais suffisant.

Fabrik permet de créer sous Joomla des formulaires sur-mesure, dont les données sont très basiquement mais efficacement stockées dans des tables relationnelles SQL. Images, listes déroulables, géolocalisation, tags, bouton radio, url et recherche sur tous les champs, tout est possible. Que demander de mieux ? Un export / import CSV ? C'est inclus dans le paquage. Un affichage cartographique des résultats ? Idem, le voici (avec des clusters, c'est-à-dire des regroupements selon le niveau de zoom pour avoir une carte lisible). Une fois les images décrites, je pourrais insérer plein de métadonnées dans les fichiers images eux-mêmes (propriétés EXIF et IPTC), et grâce à un petit publipostage à partir du CSV, éditer un inventaire imprimé avec images et descriptions.

 

phototheque formulaire

Voici à quoi ressemble la bête :

  • Référence : la cote (en Fi, comme document figuré, je suis archiviste, on ne se refait pas)
  • Image : fichier de l'image, avec miniature et agrandissement
  • Légende : titre général
  • Date : champ libre de texte (car les photos sont rarement datées), même si autant que possible ça aura un format JJ/MM/AAA
  • Dates : fourchettes de période pour favoriser les recherches
  • Description : description de l'image, recto ET verso, car au verso figurent, outre des annotations éventuelles, des indications du type de papier photo, ce qui peut permettre de dater un document
  • Lieu : commune ou département
  • Lieu (département ou pays) : champ pour favoriser les recherches
  • Géolocalisation : latitude et longitude pour pouvoir avoir un affichage cartographique
  • Source : les photos sont issues de différentes collections, autant l'indiquer
  • Mode : noir et blanc, couleur, négatif, plaque de verre
  • Dimensions : là encore, le format peut aider à dater une photo, et c'est toujours une information intéressante
  • Photographe / éditeur : le cas échéant
  • Type : pour pouvoir différencier les photos de groupe des portraits, photos d'identité ou de paysage
  • Thème (général)
  • Tag (personne)
  • Tag (matière) : veau, vache, cochon... mais aussi vélo, voiture, jouet, bateau, chien, etc.

 

Je ne pense pas oublier grand chose... Commentaires et idées sont les bienvenus !

La photothèque est consultable en suivant ce lien. Maintenant, y a plus qu'à finir de scanner, recadrer, rotationner, coter, nommer et décrire quelques 500 photos... Prochaine étape également : ajouter la possibilité de commenter : check.

PS : pour les adeptes de Wordpress, il existe des extensions Formulaires du typeForm Maker pour votre outil préféré. 

 

Réutiliser les modèles

Mise à jour (01/2017) : vous pouvez récupérer et réutiliser ce formulaire pour vos propres documents (ou bien sûr en faire d'autres sur-mesure), en utilisant les outils :

  • Google Forms
  • Framaforms (après identification, cliquer sur le lien direct ou sur Créer un formulaire d'après modèle, puis allez sur la dernière page des modèles et vous trouverez Photothèque généalogique).

La trame de chacun des formulaires peut être modifiée et affinée. Les données saisies sont récupérables sous la forme d'un tableau structuré (Google Spreadsheet pour le premier, téléchargement direct pour le second). L'avantage d'un tableau structuré (outre les statistiques et les recherches pertinentes), c'est qu'on peut l'utiliser pour faire du publipostage... et réaliser par exemple un livre avec les données mises en page.

 

Liens

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